Récit de Francis sur son aventure :
Voici un résumé de ma course, tel que je l’ai vécue le WE dernier.
Encore merci pour vos encouragements, vos petits messages, votre humour 😊 et encore un grand merci à Helene ma chérie, les enfants, Bébert, Armelle, Claire et Jeremy qui ont parcouru des kms et raccourci leur(s) nuit(s) pour me suivre !
Pour l’UTMB, mes objectifs étaient dans l’ordre croissant :
1/ aller au bout
2/ si tout va bien, finir en moins de 38 heures
3/ si tout va super bien, viser les 35 heures (mon temps à la Diag – 3 heures)
Ma « stratégie » de course :
1/ tranquille jusque Courmayeur (km 83) et après on verra suivant la forme
2/ ne pas me focaliser sur le résultat, mais profiter de la course et des endroits magnifiques, prendre le temps aux ravitos pour me poser/reposer et profiter de mes proches.
Les débuts ont été très difficiles mentalement et physiquement: sur les 20-25 premiers km, j’ai l’impression de me faire doubler en permanence et d’aller moins vite que les autres, d’être dans le dur; pour moi, je ne finirai pas avant 38h, voire je ne finirai pas du tout ; du coup, grosse galère physique mentale. « Qu’est-ce que je fous là? » et « Je ne pourrais pas aller au bout avec ces jambes-là ». Je constate que je me suis trop focalisé sur les autres et sur le résultat.
Arrivée à St Gervais en petite forme, sans jambes et avec un mental déjà entamé ; les échanges avec Hélène, la famille, les copains me font du bien.
A notre Dame de la Gorge, j’ai retrouvé mes supporters et une ambiance de dingue, digne de l’Alpe d’Huez sur le tour de France.
Puis bonnant malant, j’ai continué à avancer à un rythme faible à mon goût jusqu’à la montée du col de la Seigne, dans laquelle j’ai trouvé un lièvre qui me donne un rythme correct et que je suis pendant toute la durée de la montée.
Prudence dans les descentes même si je me sens de mieux en mieux, mais je me le répète « La course démarre à Courmayeur ».
Lac Combal: il fait encore nuit ; Arrête du Mont Favre, le jour se lève, les décors sont magnifiques, je m’arrête faire des photos.
Descente vers Courmayeur; j’ai mal aux cuisses -> je me ferai masser à Courmayeur, la base de vie. J’y retrouve mes supporters, que ça fait du bien ! Helene me rejoint et je me fais masser (à 4 mains) et soigner une ampoule naissante ; et je me pose pour me changer et prendre le temps de manger -> je repars comme neuf !
Pour la montée vers le refuge Bertone, je retrouve un copain qui m’accompagne pour la montée, et je rattrape un autre copain de Mons-en-Pevele. Le mental va bien, le physique aussi ; je gère bien.
Arnouvaz, je retrouve mes supporters, qui cette fois-ci ont dégoté un bus pour me retrouver ; après le ravito où je me pose et prends le temps de me crémer et m’alimenter, je fais le début de l’ascension du Col Ferret avec Blanche ma fille tout en papotant et profitant du soleil, qui commence à taper mais reste supportable compte-tenu de l’altitude.
Grand col ferret (passage en Suisse): la montée m’avait paru moins longue lors de ma reco début aout, et je suis impatient d’attaquer la descente vers la Fouly, longue mais safe et avec une pente moyenne (je les adore celle-là!) ; malgré ça, la descente est difficile, je mets au moins un 1/4 d’heure avant de pouvoir courir, avec un mal aux cuisses qui réapparaît. Dans la descente je croise un randonneur d’Ennevelin que je reconnais ; nous nous arrêtons et discutons 5 minutes sur le bord du chemin, ça fait du bien.
Avant le Fouly, j’ai vraiment chaud ; et je m’arrête acheter un coca bien frais à une caravane ambulante; je repars en marchant en discutant avec une passante qui me raconte qu’elle a fait l’UTMB il y a longtemps alors que la course était en 4 jours (en quelle année ?); ça me passe le temps 5 min et repars jusqu’au ravito, où comme à chaque fois, je prends bien le temps de me poser et m’alimenter (je raffole désormais du bouillon avec du vermicelle, des pâtes ou du riz).
Direction Champex; je trouve toute la team; au menu, massages , câlins (avec la famille, pas les masseuses, Helene surveille 😊), repas, repos, nouvelles fringues propres et sèches, brossage de dents, ça fera 47′ en tout. Encore une fois, je repars comme neuf, à bloc, les jambes et le mental sont là.
La montée de le Giète, le passage du col de Forclaz se passent super bien, je fais les dernières photos avant la nuit.
Je repars affronté la montée de Trient, que j’avais faite en reco, extrêmement dure, et que je crains depuis le début de la course; mais vue ma forme, je suis en mode guerrier avec envie de l’affronter … bon, elle est quand même raide je la passe tout en gestion et suis surpris d’arriver rapidement au sommet.
Puis dans la fin de l’avant-dernière descente, celle vers Vallorcine, je fais mes petits calculs et constate que si je speed sur le dernier tronçon et mets moins de 4 heures, je peux faire un « Sub 35h ». A partir de là, plus rien ne peut m’arrête : je sais que je vais faire un bon temps. Je fais un ravito express (7′) et en sortant j’interpelle le gars derrière moi pour savoir si on peut arriver à Cham avant 5h du mat’; il me dit « J’y avais pas penser, mais oui bien-sûr; j’enlève mon kway et on fonce ! »; et on a foncé ensemble jusqu’au bout, en doublant pas mal de monde. On arrive à la Flégère vers 3h30, le temps de prendre un thé, de réactiver mon téléphone et prévenir la family que je vais bientôt arriver, et faire la dernière descente technique (et donc chiante) prudemment, mais en essayant de courir dès que possible (vu les grosses traces de sang au sol, j’imagine facilement les grosses chutes avant mon passage). Puis arrivé dans Cham, la team m’attend, m’accompagne sur le dernier km jusque l’arrivée ; pas grand monde dans les rues à cette heure-ci, je me dis que ceux qui arrivent plus tôt ou plus tard ont plus de chance 😊.
Je passe la ligne ; la boucle est bouclée ! C’est fabuleux !
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